C’est une foule des grands jours, qui a accueilli Norman, alias Shay, à la place des Arènes de Nîmes. Tout le monde voulait le toucher, prendre une photo avec lui. Les plus petits voulaient avoir des autographes sur leurs ballons et autres jouets. C’est dans les rues de Nîmes que Norman a commencé à danser, derrière la médiathèque de Carré d’art.
Cheveux attachés en chignon, pantalon de sport et tee-shirt, il partait pour la salle de boxe du Chemin-Bas d’Avignon – quartier populaire nîmois, lorsqu’il a été envahi par la foule. Norman Panzani ne dépareille pas vraiment des jeunes et adultes qui viennent s’entraîner là. Pourtant, le quotidien de Norman, c’est New York. Sa maison ? Celle de Madonna. Le jeune trentenaire nîmois est l’un des danseurs de la star, et au quotidien l’un de ses trois “coaches fitness”.
Autre mission qui lui incombe, être le grand frère de substitution de Rocco, le fils de Madonna, âgé de dix ans. ” Il n’a aucune présence masculine dans son entourage, je joue ce rôle “, dit Norman avec un naturel confondant. C’est d’ailleurs ça -outre son évident talent de danseur- qui aurait fait la différence. ” Madonna, je lui ai toujours parlé comme à une personne normale, une amie presque. J’ai des rapports simples avec elle. On se charrie même. Elle me dit d’aller manger mon fromage de Français, moi je la branche sur Detroit et toutes ses usines “.
L’histoire de Norman ressemble un peu à un conte de fée. Cadet d’une famille de trois enfants, sa maman est une Antillaise qui a la danse dans le sang. Papa est Corse et a un mental d’entraîneur. Norman vit dans le quartier de Pissevin. Mais son terrain de jeu, c’est la rue, la gare de Nîmes, l’arrière de la médiathèque de Carré d’art, devenu depuis un lieu incontournable des adeptes de danse urbaine. Avec Samir, le copain de Saint-Gilles et une bande de garçons de différentes origines, Norman travaille son style.
Le groupe s’appelait ” L’art et la manière ” et remportait des compétitions. ” On a commencé comme ça, on dormait danse, on rêvait danse, on mangeait danse. On se faisait des sessions free-style de 14 heures à 23 heures si on pouvait ! Notre force, c’est qu’on était complémentaire. Chacun avait son style, j’étais le seul house-dancer…”, raconte le jeune homme qui reconnaît aussi qu’il était l’élément moteur. A tel point que quand il décide de partir à Londres, le groupe se disloque. Il part là-bas avec 150 € en poche et rejoint son cousin Steve. Il ne connaît que trois mots d’anglais. “J’ai galéré trois mois et mon premier job a été une pub pour un jeu vidéo. Coup de chance, le directeur était Français et me traduisait les instructions. Puis on s’est mis à faire des compétitions de danseurs dans des boîtes. On gagnait chaque semaine. On a fini par en être interdit. Mais finalement, ça nous a fait connaître et au bout d’un an, je vivais de ce métier». Le Nîmois décide de parcourir le monde et part pour Singapour. “J’ai adoré. Tellement que je voulais rester là-bas. Mon cousin Steve m’a pris la tête pour que je rentre.
Deux jours après, il y avait une audition pour un clip.
Personne ne savait que c’était pour Madonna et on était 800 sur le coup ! Elle a choisi quatre danseurs, dont Steve et moi. Ça s’est super bien passé. Elle m’a demandé de l’accompagner au Portugal et puis sur sa tournée mondiale et ça fait cinq ans et demi que je bosse pour elle. ”
Il n’était pas revenu à Nîmes depuis dix ans. Son nom d’artiste, Shay, (une déformation du mot shy, timide en anglais) lui colle à la peau. Madonna, elle, l’appelle Norm.
Kassim TRAORE